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08/05/2010

(UK) Ashes to Ashes : series 3, episode 5


If I am dead, as dead I well may be
ye'll come and find the place where I am lying
And kneel and say an "Ave" there for me.

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Ashes to Ashes nous propose avec ce cinquième épisode un scénario des plus solides, qui exploite pleinement le potentiel inhérent au concept sur lequel se fonde la série. Tandis que l'intrigue se concentre une nouvelle fois sur les confrontations au sein même de la police, en arrière-plan, la mythologie semble s'accélérer, se faisant plus pressante, s'emparant des divergences policières. Reste que si le compte-à-rebours avant le series finale s'accélère avec des épisodes tels que celui-ci, le téléspectateur n'est pas si pressé d'y être : on a envie de savourer encore un petit peu ce show à dimension si humaine.

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Incontestablement, il est de plus en plus perceptible que l'on se rapproche de la fin de Ashes to Ashes. Certes, la série continue de progresser prudemment dans son volet mythologique, avec une parcimonie savamment dosée ; mais il flotte indéniablement une atmosphère de retour aux sources, que viennent entretenir les références à Manchester qui se font de plus en plus fréquentes. On les retrouve dans les "rêves" d'Alex (celui qui ouvre l'épisode est d'ailleurs des plus symboliques, Sam n'étant plus simplement un visage sur une photo), mais aussi directement dans les intrigues du commissariat. En effet, ce cinquième épisode voit débarquer, en provenance du nord de l'Angleterre, un duo de policiers, qui ont évolué par le passé sous les ordres de Gene. Ils viennent poursuivre, dans la juridiction du commissariat, une affaire bien trouble.

Le lien avec Manchester se fait donc de plus en plus pressant. Voyant en ces nouveaux venus de potentiels témoins de première main, Alex entreprend d'ailleurs de les interroger sur le passé, ramenant obstinément à la surface la mort de Sam Tyler. Une affaire dont la sensibilité semble toujours plus marquée. Cependant, les propos semi-cryptiques de l'officier qui était sur place, à l'époque, et a pris la photo de la scène de l'accident, ne font qu'accroître la confusion d'Alex, comme celle du téléspectateur.

Tout pointe encore et toujours vers Gene, sans que l'on dispose des éléments nécessaires pour compléter ce compliqué puzzle. L'attitude ambiguë de ce dernier encourage d'ailleurs ces questionnements. En brûlant, sans s'en cacher, les éléments d'enquête rassemblés par Alex, il en appelle explicitement à la confiance aveugle de cette dernière. L'épisode accentue volontairement l'aura de mystère entourant Gene Hunt. Ses non-dits paraissent en effet par moment encore plus pesants que ceux de Keats, donnant l'impression d'assister à une partie d'échecs dont  les enjeux réels n'ont pas encore été dévoilés à Alex ou au téléspectateur. C'est peu dire que notre curiosité est éveillée. Les jeux de pouvoirs au sein de la police n'ont jamais autant ressemblé à des métaphores, apparence cachant une vérité s'apparentant au Graal.

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En plus de générer une attente toujours plus impatiente, l'intrigue du jour se révèle très plaisante à suivre. L'arrivée des policiers de Manchester est surtout une occasion pour l'équipe de présenter un front uni. C'était devenu plus rare ces derniers temps, où les suspicions des uns, les crises existentielles des autres, avaient fini par quelque peu enrayer la mécanique, tiraillée mais toujours huilée, des premières saisons. Confrontés à la concurrence de deux enquêteurs qui viennent marcher sur leurs plates-bandes et régler des comptes plutôt louches, nos héros réagissent en équipe soudée. Les voir ainsi tous intéragir de façon homogène, offrant des passages de franche complicité d'où se dégage une réelle cohésion, cela fait plaisir à voir. Chacun est à sa place, personne ne sort du lot, et tout ce petit monde remplit pleinement son rôle.

Certes, cela renforce aussi l'impression que le temps est compté. Par certains côtés, cette dimension humaine ainsi mise en avant prend des allures de discret hommage à ces personnages qui ont donné une âme à la série. C'est sans doute cet aspect que je retiendrais en priorité au sein d'une enquête policière qui ne démérite pourtant pas. Loin de là. A l'ingrédient récurrent du policier corrompu, s'ajoute la référence à Manchester... La modernisation des méthodes policières et l'introduction d'un nouveau cadre règlementaire plus rigide demeurent une des thématiques fil rouge de la saison. Comment ne pas mettre en parallèle le sort de l'officier supérieur et ce qui attend Gene si Keats réussit dans la croisade qu'il mène actuellement ?

Ce qui frappe désormais, c'est que la police ne propose plus le cadre manichéen des débuts, où la ligne jaune était perceptible entre ripoux et officiers ayant à coeur un certain intérêt public, la fin justifiant parfois les moyens pour ces derniers. Désormais, au-delà du problème de la corruption, se dégage un mouvement de fond, de remise en cause d'une certaine conception de ce métier. Comme si l'échiquier qui se jouait sous nos yeux avait acquis une nouvelle dimension. C'est d'autant plus intriguant d'assister à cette complexification progressive que tout cela doit être relié d'une façon ou d'une autre à la mythologie même de la série.

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D'ailleurs, aussi prudent soit-il, l'épisode nous offre cependant quelques ouvertures mythologiques. Mon attachement aux personnages fait que j'apprécie toujours les associations inhabituelles que les scénaristes peuvent imaginer, permettant de découvrir sous un nouveau jour certains des protagonistes. En l'espèce, l'épisode rapproche Ray et Shaz. Il y a tout d'abord la vision de Ray d'un champ d'étoiles à perte de vue. Troublé, il a eu l'impression, durant un bref moment, qu'il n'y avait plus rien, le néant s'étendant devant lui. Or ces étoiles tracassent Shaz depuis plusieurs épisodes déjà.

Sans que nous en comprenions pour le moment la signification, cette "hallucination" commune n'est pas seulement un indice mythologique ou métaphorique sur la nature de cet univers des années 80, elle souligne également que Shaz et Ray partagent une situation similaire, quel qu'elle soit. Instinctivement, on est porté à voir une réponse possible dans la chanson qu'ils délivrent, ensemble, au gala de police, formant un duo improvisé des plus touchants. La symbolique des paroles du titre y résonnent d'une façon très particulière, offrant matière à spéculer au téléspectateur :

"If I am dead, as dead I well may be
ye'll come and find the place where I am lying
And kneel and say an "Ave" there for me.
And I shall hear, tho' soft you tread above me
And all my grave will warmer, sweeter be
For ye shall bend and tell me that you love me
And I shall sleep in peace until you come to me.
Oh Danny boy, oh Danny boy, I love you so."

Que cela ait un lien avec les visions de policiers morts d'Alex, ou qu'il s'agisse d'une référence plus générale et directe au coeur de la mythologie, c'est en tout cas un élément très concret.

Reste, toujours sur cette voie, que quelques alarmes se sont allumées dans ma tête au cours de l'épisode, notamment lorsque Ray, évoquant sa vision des étoiles, emploie un mot qui fait instinctivement penser, pour ceux qui l'ont vue, à la résolution d'une autre déclinaison de la franchise : la version américaine de Life on MarsAshes to Ashes va-t-elle s'orienter dans cette même direction ? Disons honnêtement que j'ai quand même eu beaucoup de mal à admettre la fin proposée par la collègue américaine. Les indices distillés pour le moment n'exclut pas la possibilité d'une telle conclusion, et j'ai un peu peur que ce type de dénouement me déçoive. Certes, je veux des réponses, mais je commence à craindre que la démystification du mystère qui entoure encore la version anglaise ne soit pas à la hauteur des attentes.

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Bilan : Un bon épisode de Ashes to Ashes, qui trouve un équilibre convaincant entre enquête du jour et mythologie, distillant des indices en prévision du final à venir et nourrissant efficacement la curiosité du téléspectateur. Plaisant à suivre, doté d'une dimension humaine très bien mise en valeur, il donnerait envie de voir se prolonger un peu plus cette ambiance indéfinissable à laquelle la série parvient par intermittence.


NOTE : 8,5/10

30/04/2010

(UK) Ashes to Ashes : series 3, episode 4

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Adoptant une tournure moins introspective et personnelle que les deux précédents, ce quatrième épisode renoue avec une thématique chère à la franchise de Life on Mars : les dynamiques internes aux forces de police. Entre officiers corrompus, agents infiltrés et police des polices pressante, l'équipe de Gene Hunt expose les faux-semblants dans une intrigue assez dense et plutôt prenante.

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L'intrigue du jour va être déclenchée par une policière infiltrée, qui va de voir assigner une double fonction narrative : elle permet à Chris de poursuivre son processus d'émancipation, tout en offrant un parallèle métaphorique troublant au personnage d'Alex.

Tout débute lors d'une interpellation de trafiquants de drogue. Gene tombe alors sur une jeune femme, présente avec les délinquants, mais qu'il laisse partir peu subtilement car il s'agit d'un officier de police. Une mission d'infiltration dans son district, sans qu'il en soit informé, voilà une façon des plus efficaces d'attirer l'attention de Gene Hunt. La cible de cette opération se révèle être une famille de trafiquants notoires. Insatisfait de la gestion qui en est  actuellement faite, Gene s'approprie l'enquête en l'état. Pas déplaisante à suivre, l'intrigue policière se révèle cependant encore une fois des plus prévisibles : au milieu d'une concurrence inter-familiale dangereuse, des policiers corrompus troublent un peu plus les lignes, complexifiant les enjeux. Plus que le fait de parvenir à mettre hors d'état de nuire les criminels, l'épisode se concentre sur le sort de la policière infiltrée.


Oubliée par sa hiérarchie qui lui fournit une assistance minimale insuffisante, elle s'est retrouvée livrée à elle-même dans un milieu dangereux, où le moindre faux-pas pouvait se révéler fatal. Au bout du rouleau, l'arrivée de l'équipe de Gene dans son enquête accroît les turbulences de son quotidien mouvementé. Agressée par son patron, sans repère, elle se tourne vers la nouvelle équipe en charge avec l'espoir apparent qu'ils réussissent à la faire sortir de là et mettent fin à ses obligations. Dans cette optique, elle joue sur plusieurs registres, mettant notamment en scène une figure de demoiselle en détresse des plus convaincante qui lui permet d'attirer l'attention de Chris avec lequel elle noue rapidement des liens. Le jeune policier, toujours serviable, semble avoir une certaine forme de fascination pour ce que symbolise sa collègue. Mais dans cette policière forte, femme d'action à ses heures, c'est en réalité l'image de Shaz qui se superpose et que Chris poursuit. Car l'ancien couple continue une relation qui se cantonne à une amitié platonique, mais qui ne paraît satisfaire aucun des deux. Le téléspectateur a plutôt l'impression qu'une force irrésistible les pousse l'un vers l'autre.
J'espère que la fin de la saison nous offrira une conclusion autre que ce jeu du chat et de la souris.

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Reste que pour le moment, la policière infiltrée réveille en Chris son côté le plus sombre. Exploitant son sentiment de frustration, conséquence de son impuissance à pouvoir protéger les femmes chères à son coeur, elle le conduit à tabasser un des pontes de la bande qu'ils traquent, alors que ce dernier est enfermé dans une cellule au commissariat. Gene étant forcé d'ordonner l'appel d'une ambulance, la police des polices met logiquement la main sur l'affaire, Keats s'immisçant, avec son air supérieur, dans cette gestion humaine catastrophique, semblant prêt à sacrifier Chris et sa carrière, tel un simple pion, pour atteindre et déstabiliser Gene. L'action de Keats ne se limite d'ailleurs pas, au cours de l'épisode, à cette seule intéraction. Outre errer dans les couloirs du poste de police, prompt à sermonner l'équipe dès que quelque chose tourne mal, il donne l'impression d'être de plus en plus omniprésent pour délivrer ses vérités sur la situation présente, mais aussi entretenir des rapports, plutôt cordiaux, avec tous les membres de l'équipe, sauf, évidemment, Gene qui demeure une proie.

L'autre parallèle symbolique permit par la policière infiltrée est celui que le téléspectateur dresse instinctivement entre cette situation compliquée d'infiltrée et ce à quoi Alex doit faire face. L'immersion brutale dans un univers aux valeurs entièrement différentes, sans repère... De la police au plongeon sans filet dans le milieu des criminels, du présent jusqu'aux années 80s. Les choix qui s'offrent à elles ne sont finalement pas si différents ; et il est aisé de comprendre pourquoi Alex parait également se prendre d'affection pour la jeune femme. Sans soutien, découverte, cette dernière va finalement passer de l'autre côté de la barrière, et embrasser cette nouvelle vie pour survivre, tombant sous le charme du patriarche, l'ancien chef des trafiquants. Est-ce si différent d'Alex ? Son rapport avec les années 80 se fait chaque jour plus intense et plus concret. Elle a intégré toutes les données de cet univers pour s'y fondre. Elle demeure fascinée par son supérieur, tout en s'en méfiant. Les ressemblances ne sont pas seulement métaphoriques. Keats ne s'y trompe d'ailleurs pas. S'intéressant particulièrement à la policière infiltrée, il lui délivrera un discours, rempli d'ambiguïtés, sur l'ajustement difficile exigé dans ces situations où on se retrouve projeté dans ce qui semble un autre monde... Il est par moment difficile de savoir si c'est bien à son interlocutrice officielle, et non à Alex, qu'il s'adresse, tant ses propos conviendraient aux deux.

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Sur un plan mythologique, la  série continue d'initier de nouvelles questions plus qu'elle ne s'essaye à des esquisses de réponses. Le téléspectateur s'accroche à ces maigres indices et se console en songeant que la fin approchant, les mystères finiront par s'éclaircir. En attendant, Ashes to Ashes prend un plaisir certain à nourrir nos doutes et à jouer avec notre rationnalité.

Sam Tyler. Gene. Tout tourne en rond, avec comme accélérateur constant le DCI Keats : ses interventions suivent pourtant un schéma dont on ne perçoit pas encore réellement le but. Il demeure omniprésent, s'immisçant dans le fonctionnement de l'équipe, en devenant un rouage familier malgré l'hostilité toujours affichée par Gene. Keats demeure un élément central, devenu en quelques épisodes un point de passage presque obligatoire pour les différents membres qui n'hésitent plus à venir lui confier leurs derniers états d'âme. La collaboration bureaucratique qu'il a installée avec Chris commence d'ailleurs à porter ses fruits. Le sauvetage de carrière qu'il lui apporte, comme une faveur, en fin d'épisode n'est que le parachèvement d'un travail de sape qui se poursuit depuis plusieurs épisodes. Les fruits que Keats en récoltent en sont pourtant hautement symboliques : ce titre de "Guv" qui échappe des lèvres de Chris, qualité intrensèquement associée à Gene, apparaît presque comme un signe annonciateur d'un coup d'Etat à venir. D'ailleurs, tout cela conduit le téléspectateur à s'interroger: quelles sont les véritables intentions de Keats ? Cherche-t-il à priver Gene de l'appui de son équipe, simplement à l'isoler, ou entend-il se substituer à lui en exerçant sa propre influence sur ses hommes ? Veut-il le remplacer ou bien seulement le faire tomber ?

La mise en scène excessive de cette part de mystère entourant ce nouveau personnage nourrit les doutes du téléspectateur. Signe de la progression de son immixtion dans l'équipe, Alex en vient même à se confier indirectement à lui au détour d'un café. Sans essayer de lui présenter la complexité de son univers, elle lui parle cependant à mots couverts de certaines de ses préoccupations, notamment de ce cadavre de policier qui la hante. En d'autres temps, c'est auprès de Gene qu'elle aurait cherché un réconfort ; mais, actuellement, son supérieur occupe plus la case "suspect" que celle du confident.

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Bilan : L'épisode propose une histoire intéressante, chargée de parallèles symboliques sur l'infiltration et l'immersion dans de nouveaux univers, à la portée métaphorique mythologique qui n'est pas négligeable. Keats poursuit son insatiable travail pour étendre son influence au sein de l'équipe, Chris et Alex étant ses deux cibles privilégiées au cours de cet épisode. Mais, pour le moment, l'enjeu derrière tout cela demeure flou ; les mystères s'épaississent sans pour autant proposer la moindre réponse. Reste une histoire prévisible, mais plutôt prenante et agréable à suivre.


NOTE: 7,5/10

24/04/2010

(UK) Ashes to Ashes : series 3, episode 3

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Ce troisième épisode confirme la tonalité prise par cette nouvelle saison de Ashes to Ashes. Au-delà de la volonté de nous apporter des réponses en résolvant la partie mythologique de la série, les scénaristes semblent vouloir prendre le temps d'explorer chacun des protagonistes qui ont fait la franchise. De façon très similaire à l'épisode précédent consacré à Shaz, celui-ci plonge Ray au coeur d'une crise qui va lui permettre de révéler une partie de lui-même encore inconnue du téléspectateur. Si l'exposé de cette nouvelle introspection pèche, par moment, par excès de maladresses, elle a le mérite de faire prendre de l'épaisseur à un entourage qui était resté pendant deux saisons quelque peu en retrait, derrière le duo central composé par Alex et Gene.

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C'est une intrigue policière encore une fois particulièrement classique, ne comportant aucune surprise, qui va servir de fondation pour renouveler et explorer sous un jour nouveau la personnalité de Ray. Après le serial killer de la semaine précédente, l'équipe se retrouve cette fois confrontée à un "serial arsonist" (un incendiaire), avec, à gérer en toile de fond, la pression particulière générée par une période électorale potentiellement explosive, qui va voir la confirmation de Margaret Thatcher au poste de premier ministre britannique. Il convient d'ailleurs de souligner l'effort de reconstitution du contexte politique de l'époque réalisé dans cet épisode. Les scénaristes choisissent de l'exploiter en l'intégrant directement à l'intrigue du jour, en se permettant un parallèle plutôt habile et très opportun. La mise en scène du traumatisme d'un soldat vétéran de la guerre des Malouines trouve en effet logiquement un écho particulier dans ces images d'archives de la ré-élection de la Dame de Fer, qui bénéficia de ce conflit pour restaurer son image et gagner les élections législatives de 1983.

La pression mise par la hiérarchie policière est une nouvelle fois symbolisée par l'omni-présence du DCI Keats, qui continue de mettre en exergue les doutes de chaque membre de l'équipe, dans le but avoué de les placer en porte-à-faux par rapport à Hunt, cherchant à rompre ce lien de loyauté particulièrement intense qui lie tous les subordonnés à leur chef. Il s'intéresse aux investigations d'Alex, qui, après avoir contacté Manchester, continue de s'interroger sur la mort de Sam Tyler. Il recrute Chris pour se plonger dans les vieux dossiers incomplets d'anciennes affaires résolues de façon un peu bancale. Mais, c'est sur Ray qu'il va focaliser son attention au cours de cet épisode.

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Le dernier incendie en date aurait pu trouver une issue fatale si Ray n'avait pas eu le courage de pénétrer dans le bâtiment en flammes d'où des cris s'élevaient... mais aussi si les pompiers n'étaient pas ensuite intervenus pour assurer le sauvetage du policier un peu trop téméraire et de la victime. Et plus précisément, c'est un pompier qui se détache pour embrasser une stature de héros, Andy Smith. Jeune homme a priori sans histoire, ne nourrissant pas d'ambition particulière de sortir ainsi du lot, mais manifestant un professionalisme et une compétence à saluer. Ray se prend instantanément d'amitié pour lui. Plus qu'une sincère reconnaissance, le policier expresse une véritable admiration pour le pompier et la mission qu'il remplit chaque jour. Seulement, au fil de l'enquête qui progresse peu à peu sur l'auteur des incendies, à la suite d'un témoignage, les soupçons de Gene et d'Alex se tournent vers cet opportun sauveur.

Il est difficile de ne pas ressentir quelque frustration à voir Ashes to Ashes opter invariablement pour une facilité qui finit, parfois, par être un peu ennuyeuse, dans la construction de ces intrigues policières. Un serial arsonist avec un passé militaire est du pain béni pour tout psychologue. Cela offre ainsi l'occasion à Alex d'enfoncer aisément un certain nombre de portes ouvertes sur l'état mental du jeune homme, tous les voyants clignotant pour indiquer "post traumatic disorder". Si l'affaire en elle-même a une portée somme toute très anecdotique, elle mérite cependant d'être saluée en raison de la scène qui va la conclure, d'une intensité et d'une force impressionnantes.

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L'affaire Andy Smith va prendre un tour plus tragique et personnel en raison de l'infidélité de son épouse. En dépit du fait que, dans la droite ligne du reste de l'intrigue, cet élément saute trop rapidement aux yeux du téléspectateur, en revanche, il va permettre une confrontation entre la police et un Andy devenu suicidaire, souhaitant s'immoler avec sa femme. Mais plutôt qu'une intervention clinique d'Alex, ou une charge de Gene, c'est un échange, d'où perce un désespoir existentiel ne pouvant laisser le  téléspectateur indifférent, qui s'initie avec Ray. De la part d'un policier qui nous avait plutôt habitué à des réflexions pas très fines sur le sens de la vie, il délivre ici un exposé d'une rare authenticité, basé sur sa propre expérience. C'est une autre facette du personnage, à laquelle le téléspectateur n'avait jamais été confronté. Si ce cri de détresse est volontairement mis en exergue pour mettre en confiance Andy et empêcher l'irréparable, on sent bien que Ray parle d'une frustration qui lui est familière et d'une insatisfaction chronique sur le sens de sa vie qu'il analyse avec beaucoup de lucidité.

C'est donc une parenthèse intéressante ainsi offerte au personnage, qui s'affirme et s'émancipe de la tutelle de Gene. Au-delà de sa volonté de créer des divisions au sein de l'équipe afin d'isoler Gene, Keats semble chercher à mettre chaque membre face aux doutes qu'il a enfouis, les forçant à se confronter à ce qu'ils sont vraiment. Car cette storyline, comme la semaine précédente avec Shaz, permet à Ray de faire la paix avec une partie de lui-même. L'émanicipation voulue par Keats n'est pas passée par une opposition directe à Gene, ni par un éclatement de l'équipe, mais elle a permis au personnage de Ray de se réaliser pleinement. N'est-ce pas le sens du thème de Life on Mars que l'on entend en fin d'épisode lorsque la caméra se concentre sur lui ?

Si la finalité de l'épisode est appréciable, la téléspectatrice que je suis gardera cependant une impression un peu mitigée de l'épisode. On peut en effet reprocher le manque de subtilité de cette quête introspective. Les scénaristes usent de ficelles relativement grosses pour relater leur histoire : des suggestions de Keats jusqu'au traitement de l'intrigue en elle-même, tout apparaît si évident au téléspectateur, trop explicitement mis en avant pour ne laisser de place à aucune nuance possible. Dans ces moments-là, Ashes to Ashes m'évoque justement ces séries des années 80, au scénario divertissant, mais calibrées à l'excès. Je ne sais pas à quel point cet effet est recherché par les scénaristes ; mais, aux yeux ascérés du téléspectateur moderne, cette tendance est parfois un peu trop exacerbée.

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Bilan : Un épisode introspectif consacré à un autre membre de l'équipe : après Shaz, voici une storyline destinée à mettre en lumière le personnage de Ray. L'intention est louable, la conclusion est intense et marquante, mais l'intrigue souffre d'un excès de classicisme, se situant sur des sentiers scénaristiques trop souvent empruntés par les fictions. A noter cependant un effort de reconstitution du contexte politique de l'épisode, avec une mise en parallèle intéressante sur les conséquences de la guerre des Malouines : d'une part un vétéran dont la vie est brisée, d'autre part une femme politique à qui le conflit profitera pour rempoter les élections nationales. 


NOTE : 6,75/10

10/04/2010

(UK) Ashes to Ashes : series 3, episode 2

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Après un épisode introductif des plus efficaces, permettant de poser les enjeux de la saison, ce deuxième épisode retrouve la construction narrative classique de Ashes to Ashes : une réflexion sur les personnages occasionnée par une enquête policière, dont l'intérêt n'est pas dans une originalité quelconque, mais plutôt dans ce qu'elle insuffle à la dynamique de groupe, le tout saupoudré d'un soupçon de mythologie, qui reste pour le moment en arrière-plan - nous n'en sommes qu'au début de la saison.

La thématique globale de l'épisode propose une réflexion sur l'idée d'appartenance à une équipe, déclinant cette idée à plusieurs niveaux : à travers l'intrigue du jour, plutôt de transition, qui se saisit de l'opportunité de faire prendre un peu de relief au personnage de Shaz ; mais aussi par le biais de l'attitude d'Alex, qui s'intéresse trop au passé, en se concentrant sur la destinée de Sam Tyler.

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L'enquête policière du jour transpose dans les années 80 une intrigue très appréciée des scénaristes des cop shows modernes,traitant du cas d'un serial killer. Une affaire qui commence de façon un peu artificielle et qui ne se départit jamais de l'impression qu'elle est un prétexte pour occuper, mais surtout faire réagir, les différents personnages. Car, si Ashes to Ashes délaisse un peu le caractère irréel et assez déconnecté qui avait prévalu au cours du premier épisode, ce deuxième se concentrant, à partir de bases plus rationnelles, sur l'intrigue du moment, elle rappelle constamment que les enjeux majeurs sont ailleurs, avec l'omniprésence du DCI Keats, en arrière-plan, qui, de manière insidieuse, s'efforce de miner la solidité et la loyauté des différents membres composant l'équipe constituée autour de Gene Hunt.

L'attente du téléspectateur étant focalisée sur des détails ou des références plus cryptiques, à connotation mythologique, il est logique que l'intrigue policière paraisse doucement ronronner. Pourtant, je confesse prendre toujours beaucoup de plaisir à observer toutes ces personnalités dissemblables et hautes en couleurs intéragir. Ashes to Ashes est parvenue à créer une ambiance atypique, profitant de son cadre temporel particulier, qui lui est très personnelle et donne la part belle aux personnages sur l'intrigue en elle-même. Marquant un fort contraste avec les fictions policières déshumanisées aux scenarii cliniques qui ont fleuri dans le paysage sériephile au cours de la dernière décennie, il se dégage de cette dynamique propre à la série quelque chose de chaleureux, qui lui permet de compenser des enquêtes aux ressorts par trop anecdotiques. Encore une fois, l'affaire du jour ne fera exception à cette règle.

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Une main coupée du cadavre d'une jeune femme est envoyée à la police. Loin de tergiverser, Alex active instinctivement ses réflexes de psychologue pour s'improviser apprentie profiler, et surtout orienter l'enquête vers l'idée qu'il n'y aurait pas une seule victime, mais qu'il convient de rechercher si le tueur n'a pas déjà sévi. A partir d'éléments forts réduits, l'enquête progresse de façon finalement très rapide, en grande partie en raison des circonstances - le meurtrier accélère ses rituels macabres - et de la vivacité d'esprit d'Alex (qui n'est pourtant pas infaillible, ce que l'épisode rappelle opportunément). Cette progression accélérée, par paliers, est aussi le symptôme d'une construction somme toute très bâteau, qui ne recule pas devant le recours à certaines facilités scénaristiques. Non que l'on en tiendra rigueur à l'ensemble : en dépit de son cadre et la fibre nostalgique sur laquelle elle aime jouer, Ashes to Ashes n'est pas une série policière.

Cette affaire va surtout être l'occasion pour Shaz de s'illustrer. Douce Shaz, toujours en retrait, personnage féminin et effacé dans ce monde machiste et misogyne que constitue leur équipe. Elle n'a pas le caractère ou l'assurance d'Alex, qui bénéficie du fait qu'elle s'est forgée deux décennies plus tard, mais elle est une digne représentante de son époque. Pour une fois qu'elle se retrouve sur le devant de la scène, c'est évidemment que quelque chose vient enrayer cette apparence lisse que Shaz présente généralement. Elle doute de sa place au sein des forces de police, cherchant sa voie. Finalement, le cas du jour va prendre des connotations quasi-initiatiques, consacrant et consolidant la jeune femme dans l'équipe. Alors qu'elle veut démissionner, c'est elle qu'il va falloir envoyer sur le terrain pour coincer le tueur. Non seulement prend-elle des risques, mais elle est également contrainte de jouer les "femmes d'action". Se substituant symboliquement à Alex qui, depuis son arrivée, avait toujours endossé ce rôle en rupture avec les moeurs traditionnelles de l'époque, Shaz se démarque ainsi de l'ombre de celle qu'elle considère presque comme un mentor. Si le happy end paraît peut-être un peu trop beau à l'écran, avec une Shaz qui fait la paix avec elle-même, c'est aussi parce que l'enjeu de cette réflexion identitaire se situait surtout à un autre niveau : en coulisses, c'est la pérennité et l'unité de l'équipe, sur laquelle Gene Hunt exerce son influence, qui sont remises en question.

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Car dans un épisode où la mythologie s'inscrit en retrait par rapport au premier, Keats semble s'exercer à un étrange jeu. Tout en agissant en parfait "policier des polices", s'intéressant aux cas au cours desquels l'unité aurait dérapés, oubliant la loi pour un prétexte ou un autre, son objectif premier paraît d'être une source de division. Les soupçons qu'il a, sans avoir eu l'air d'y toucher, introduits chez Alex ne sont qu'un premier pas. Lorsqu'il croise une Shaz en plein doute, un soir, seule encore à travailler au commissariat, il l'encourage à partir sans en prononcer formellement les mots. Cela souligne bien sa volonté de dissoudre toute cette équipe très - trop ? - soudée autour d'un leader charismatique auquel elle est entièrement dévouée. L'évolution de la storyline de Shaz est particulièrement révélatrice du fait que tout cela n'est que lutte d'influence entre Keats et Hunt. Après toutes les émotions provoquées par son face-à-face avec le serial killer, c'est dans les bras de Gene Hunt que, instinctivement, Shaz vient se réfugier lorsque ses collègues la rejoignent. C'est encore une fois Gene qui l'a fait changer d'avis et revenir sur sa démission. L'épisode, tout en se concentrant sur le personnage de Shaz, ne fait ainsi que consacrer, indirectement, le rôle central et déterminant de Gene.

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La même dynamique se retrouve dans les réflexions d'Alex, qui se concentre aussi indirectement sur son patron en s'interrogeant sur la mort de Sam. Cette dernière, se posant peu à peu en fil rouge dont la résolution bouclerait tous les mystères de l'univers de la franchise, ramène inexorablement l'équipe à Manchester, à un passé qu'Alex ne connaît qu'à travers les propres dires de Sam lors de son retour dans le présent. L'ambivalence de Gene, le refus d'évoquer à nouveau cette mort... les scénaristes passent l'épisode à forcir le trait d'un mystère qui peu à peu s'épaissit, sans que la moindre progression concrète n'ait lieu. Les recherches d'Alex ne sont pas secrètes. Il est bien difficile pour le téléspectateur de cerner et de se positionner par rapport à cet intrigant jeu du chat et de la souris auquel elle joue avec Gene Hunt. Pour le moment, la série pose ses pièces une à une, sans se presser, se contentant de maintenir l'attention du téléspectateur sur une histoire qui aura forcément une portée déterminante.

D'ailleurs, sur un plan purement mythologique, si l'épisode fonctionne dans un cadre plus rationnel que le précédent, il ne se départit cependant pas de quelques hallucinations ou rappels que nous ne sommes pas dans une série policière au sens classique du terme. La série distille des indices, propose des énigmes pour le moment insolubles... Elle pique la curiosité de façon presque anecdotique, sans que nous ayons la possibilité de progresser dans ce puzzle qui se dresse devant nos yeux. L'aspect que je préfère dans ce teasing au long cours, c'est la façon dont est utilisée la bande-son de Ashes to Ashes : aucune chanson n'est choisie au hasard, elles cadrent toutes avec les enjeux et chacune renvoie un message particulier. Et quand le téléspectateur entend retentir un bref extrait de Life on Mars en croisant le regard de Shaz à la fin de l'épisode, il ne peut s'empêcher de tendre l'oreille et d'observer l'écran de façon plus intense, cherchant pour le moment vainement des réponses aux questions qui se bousculent dans sa tête.

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Bilan : Episode plus classique que le précédent, l'enquête policière n'en est qu'un cadre prétexte. L'enjeu réside dans le développement d'une thématique forte, celle de l'appartenance à un groupe : idée autour de laquelle tout semble tourner et qui s'impose avec beaucoup de force, se révélant face aux agissements du personnage trouble de Keats, mais sur laquelle pèse également l'ombre de la mort de Sam Tyler. Ashes to Ashes distille ses éléments mythologiques au compte-goutte, elle a toute une saison pour apporter des réponses aux interrogations qu'elle prend plaisir à susciter chez un téléspectateur qui n'ose plus garder de certitudes sur cet univers. Nous ne sommes pas pressés, il faut savourer cette dernière ligne droite.


NOTE : 7,5/10

03/04/2010

(UK) Ashes to Ashes : series 3, episode 1


“My name is Alex Drake. And, quite frankly, your guess is as good as mine.”

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Nouveau générique pour débuter la dernière ligne droite de la série, avec une phrase introductive qui résume bien le trouble qui s'est désormais installé au sein de cet univers. Entre le présent et le passé, le réveil et le coma, la frontière préservant la réalité s'efface peu à peu et tout s'entrechoque. A l'image des premières minutes de la série, le téléspectateur suit Alex sur un chemin de traverse qui ne distingue plus ces deux mondes, les entremêlant pour poser plus explicitement les mystères premiers qui sont à la base du concept sur lequel repose cette franchise depuis Life on Mars et que la saison se promet de résoudre.

Par ce premier épisode, Ashes to Ashes s'offre un très solide retour, exposant efficacement les enjeux à venir et offrant des pistes de réflexion mythologiques promptes à titiller la curiosité du téléspectateur. Ajoutons à cela le plaisir de retrouver la série en elle-meme, agrémentée de cette dynamique de groupe inimitable et de ses personnages auxquels on s'est, mine de rien, tant à attacher... Une heure de bonheur téléphagique qui vous réconcilie avec votre petit écran.

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Trois mois se sont écoulés depuis le final de la saison 2, dramatique ou sous forme de happy end, suivant votre perspective. Dans le présent, Alex a bien du mal à se ré-acclimater à cette réalité qui lui semble tellement aseptisée, bien moins vivante que l'intensité offerte par sa plongée dans les années 80. Un mal-être qui nous amène logiquement sur les traces de Life on Mars et nous rappelle la façon dont Sam n'était pas parvenu à se réconcilier avec son époque. Sauf que l'enjeu dépasse ici la seule personne d'Alex. La jeune femme, plongée dans le coma en 1982, reçoit des bribes d'informations de ses collègues qui viennent lui rendre visite, ressentant à quel point ils ont besoin de son aide. Un appel du passé d'autant plus difficile à repouser que son réveil est déterminant pour l'avenir de Gene, qui, accusé d'avoir tiré volontairement sur elle, s'est enfui à l'étranger. Après quelques tergiversations, il rentre en Angleterre, devant se rendre à l'évidence : il se définit par sa vie de policier. Or, seule Alex pourra la lui rendre. Dans le même temps, pour accentuer l'urgence de la situation, une petite fille a disparu. Ray, désormais en charge de l'unité, ne sait où donner de la tête. La nécessité du retour des deux têtes dirigeantes de l'équipe, pour un numéro de duettistes dont ils ont le secret, s'impose comme une évidence. C'est la direction que va logiquement prendre l'épisode, tout en glissant vers une mythologie toujours plus dense.

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Car, de plus en plus, Ashes to Ashes nourrit l'ambiguïté de son univers, sapant nos certitudes et troublant toujours plus la ligne de réalité. La transition du présent au passé qu'opère, presque naturellement, Alex, en début d'épisode, est particulièrement révélatrice de cette approche, soulignant la volonté toujours plus poussée des scénaristes de brouiller les points d'ancrage du téléspectateur, mais également de son héroïne. Nous ne savons pas si un évènement particulier se produit dans le présent, mais, dans le passé, c'est le retour de Gene à ses côtés qui semble être le déclencheur du réveil d'Alex en 1982. Un réveil dans un lit d'hôpital étonamment similaire à celui, opérant le passage inverse, qui avait conclu la saison précédente. Pour le moment, la série nourrit la curiosité du téléspectateur, se contentant de susciter les interrogations et laissant finalement notre imagination libre d'interpréter cela, en entendant une réponse des scénaristes. Mais une chose est certaine : désormais, les choses nous sont présentées comme si les deux époques étaient bel et bien deux réalités à part entière. Et au sein de la tension suscitée par cette coexistence, celle des années 80 semble se solidifier chaque jour davantage et prendre une place prépondérante dans les priorités d'Alex. C'est dans cette réalité que se trouvent les réponses qu'elle cherche.

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Au-delà de ce tourbillon mythologique qui retient logiquement toute notre attention, plus pragmatiquement, la lutte contre le crime continue en 1982, avec une routine invariable. Au cours de la parenthèse qui vient de s'écouler, Ray a été promu à la tête de l'équipe. Shaz est retournée à ses cafés, de nouveau célibataire, tandis que Chris en a profité pour lire un peu, après toutes les agitations expérimentées lors de la saison précédente. Mais le point central de tout l'univers de Ashes to Ashes reste le personnage de Gene Hunt, dont le retour est à la hauteur du personnage, à la présence qui s'impose au-delà même du poste de télévision. Fidèle à lui-même, incontournable par le seul fait d'être là, il faut toute son audace pour permettre à la série de retrouver, au pas de charge, son équilibre au sein du commissariat. Revenir comme si de rien n'était semble bien entendu utopique et irréalisable, pourtant, c'est aussi la seule voie que l'on imagine pouvoir être prise par Gene : il revient fidèle au poste, flic avant tout. Un rétablissement conforme au personnage qui a également le mérite de ne pas faire traîner les choses.

Pour remobiliser les troupes, l'épisode propose une enquête "prétexte" assez solide, dont l'objectif est surtout de remettre toutes les dynamiques en place, ressuscitant les oppositions de style comme les relations entre chacun des personnages. Pour jouer sur une fibre sensible, l'affaire à résoudre est celle de l'enlèvement d'une petite fille, accompagnée d'une demande de rançon. Classique parmi les classiques. L'instinct de Gene, pointant presque naturellement sur un suspect qu'il apparaît pourtant si illogique de désigner, la vivacité d'esprit et les qualités diplomatiques d'Alex, les maladresses de Ray, le soutien de Shaz, tout revient quasi-automatiquement au cours d'une enquête menée avec rythme. Cette storyline a le mérite de nous replonger avec beaucoup de plaisir dans cet univers atypique et si riche qu'est parvenu à construire Ashes to Ashes.

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Mais l'enjeu de ce premier épisode n'est pas dans le sauvetage de l'enfant kidnappé, il se trouve ailleurs, dans la façon dont il donne le ton des interrogations qui vont rythmer l'ensemble de la saison. Car c'est le rôle-clé joué par Gene Hunt qui apparaît bel et bien placé au coeur de tout; et vers lequel tout pointe. L'épisode semble ne jamais trop insister sur ce point qu'il souligne en surabondance. Un Gene à nouveau présenté avec beaucoup d'ambiguïtés. A ce titre, l'introduction d'un intrigant nouveau personnage majeur trouble un peu les cartes, le présentant sous un autre jour. Le DCI Jim Keats (Daniel Mays) travaille en effet pour les affaires internes et son opinion sur Gene, guère reluisante, semble déjà toute faite. La scène finale de confrontation entre les deux hommes est magistralement bien construite, posant les bases d'une opposition quasi-viscérale, où demeurent encore tant de non-dits qu'il manque des éléments de comphrénsion déterminants au téléspectateur, témoin privilégié de cette déclaration de guerre.

Le personnage de Jim Keats s'impose d'entrée comme un être troublant à plus d'un titre. Ses propos, souvent cryptiques, soulèvent plus de questions qu'ils n'en résolvent. Quel est son rôle réel, son objectif ultime et, surtout, que sait-il très concrètement de la situation d'Alex... tant d'interrogations qu'il parvient à soulever en quelques scènes et qui lui permettent de signer des débuts particulièrement réussis dans l'univers de la série. Il paraît suivre son propre agenda, mais pour le moment, le téléspectateur ne peut que constater que sa curiosité est piquée et attendre avec impatience la suite.

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Cependant, s'il y a un aspect vraiment réussi dans ce premier épisode, c'est sa capacité à introduire la nouvelle saison. Car c'est définitivement sous le signe du mystère qu'elle démarre, avec des thématiques où la mythologie de la franchise prend désormais le pas sur les anciennes préoccupations d'Alex. La volonté de rentrer chez soi, à son époque, n'est plus l'objectif premier, cette obsession envahissante qui dictait toutes ses décisions. Elle est rentrée, mais sans résoudre la question fondamentale de la nature de cette réalité de 1982. Or le repos ne paraît désormais possible pour Alex que lorsqu'elle aura cerné l'ensemble du tableau, qui forme une énigme dont Gene Hunt est le coeur ou la clé.

Avec une telle ouverture mythologique, où le questionnement porte sur les fondations même du concept à la base de la franchise, il est logique que l'ombre de Sam Tyler paraisse planer de façon omniprésente sur l'épisode. Il est un élément fixe dans ce double univers où Alex évolue désormais, en ayant établi des passerelles fortes entre les deux. A mesure que les lignes et les délimitations de la réalité se troublent et s'effondrent, il est normal que la série effectue une forme de retour aux sources. Une promesse d'autant plus excitante pour le téléspectateur, compagnon fidèle depuis cinq années.

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Bilan : Ashes to Ashes nous revient avec un épisode convaincant et bien calibré pour remettre les choses en place et poser efficacement les bases de la saison à venir, aiguisant à dessein la curiosité du téléspectateur et esquissant de nombreuses questions qui appelleront des réponses avant la fin. Insistant sur l'importance du personnage de Gene, qui, d'une façon ou d'une autre, constitue un élément central de ce qui se joue sous nos yeux, la série continue de troubler son héroïne, comme le téléspectateur, en brouillant la frontière d'une réalité qui semble toujours plus volatile et relative. En somme, voici une très bonne façon de reprendre l'histoire et d'offrir de belles promesses pour boucler la boucle ouverte par Life on Mars.


NOTE : 8,75/10


Le nouveau générique de cette saison 3 :


La bande-annonce du prochain épisode :